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Passerelle

Les nouvelles d'octobre 2023

Dernière mise à jour : 9 mars

Là-bas, les voyages sont à l'honneur. Dans quelques semaines, deux d'entre nous, Sylvie Brisson et Béatrice Bergeron, retourneront à Burayu pour refaire le point, un an plus tard, avec les acteurs sur place (Tamiru, les jeunes et l'association Mekdim) : ce sera au sommaire de la prochaine édition du Passerelle Nouvelles, publiée au mois de décembre. Sans attendre, découvrez le récit de Caroline Meilhat, qui a plongé, en famille, dans le pays.


Ici, nous préparons déjà des actions au mois de janvier, ce dont vous aurez vent, mais, sans tarder, inscrivez à votre calendrier les marchés de Noël.


Bonne lecture et merci encore et toujours de votre soutien.


La préparation des marchés de Noël

Comme chaque année, nous serons présents à plusieurs marchés de Noël en Isère et en Savoie :

— Le samedi 25 novembre à Cognin (73) ; — Les vendredi 1, samedi 2 et dimanche 3 décembre à Montbonnot (38) ; — Les mardi 12 (16h-19h), jeudi 14 (15h30-19h) et samedi 16 décembre à Saint-Martin-le-Vinoux (38).


Vous pourrez y retrouver tout l'artisanat éthiopien : des poteries, de magnifiques bijoux, ainsi que du café d’Éthiopie de Terra-Kahwa.

Vous serez tout autant les bienvenus pour nous donner un coup de main pour tenir avec nous le stand à l'une ou l'autre de ces dates. N’hésitez pas à nous contacter par mail.


Un troisième voyage en Éthiopie

Nous sommes partis à cinq, du 10 juillet au 10 août 2023 : moi Caroline Meilhat, la maman, et mes 4 enfants dont l’âge s’étale de 12 à 19 ans (les deux grands adoptés en Éthiopie à Dessie, les deux plus jeunes au Bénin). C’est la première fois sans guide.


La famille

Nous avions eu la chance d’être entrés rapidement en contact avec la famille d’origine. Nous avions écrit au centre SOSEE et avions reçu une réponse postale avec de nombreuses photos des enfants petits. Les liens se sont noués par courrier d’abord, puis par mail avec le grand frère (Elias) qui avait accès à un ordinateur au collège, puis par Facebook.

Lors du premier voyage, nous avions rencontré la famille au bout de deux semaines, afin que les enfants reprennent contact avec la réalité de l’Éthiopie et ne soient pas trop surpris.

Au deuxième voyage, nous avons passé quelques jours dans la ville, puis nous avons emmené à Lalibella la maman biologique, Woyneshet, et les 3 frères, Elias, Abraham et Habtamu.


Lac Hayk, journée de loisirs avec la famille


Comme toujours, les retrouvailles sont très émouvantes… D’abord Elias qui est venu nous chercher à l’aéroport, puis le reste de la famille à Dessie. Nous logions à proximité à l’hôtel et passions nos journées « à la maison de Woyneshet » : repas ; visite des membres de la famille, des amis, des voisins, des parents qui ont confié à l’adoption leur enfant à SOSEE ; cours de danse, fou rire ; excursion et baignade au lac Hayk (ce qui se traduit par Lac)… Comme toujours, cette famille est bienveillante et nous fait sentir merveilleusement bien, faisant preuve de tact dans les différences culturelles : un accueil chaleureux et amical.


Je repars avec mes deux plus jeunes, laissant les deux grands à Dessie. Elias, le plus grand frère, nous rejoindra avec eux à Gondar dans quelques jours.


Amhara

J’avais bien évidemment lu sur le sujet, partagé certains articles avec mes enfants, mais, comment dire… la réalité est bien pire que celle décrite dans les médias. La zone Amhara et le peuple amhara sont en détresse.


Depuis avril, le gouvernement veut démilitariser les Fanos (« milices » amharas) qui se sont battus auprès de l’armée fédérale au Tigré. Les Fanos ne veulent pas rendre leurs armes, qui leur servent dans les campagnes à se protéger (c’est plutôt une forme d’intimidation pour éviter les bandits). De plus, dans les autres régions, surtout en Oromo, il y a eu des massacres d’Amharas et certains parlent de génocides.


À Addis Abeba, nous avons mangé chez une cousine, hors de la ville. Un des frères, qui n’habite pas à Addis Abeba depuis suffisamment longtemps pour avoir sa carte de résident de la zone, a dû partir tôt pour éviter d’être emprisonné en cas de contrôle.


Nous avions prévu de rejoindre Dessie en car, depuis Addis Abeba, mais cela n’a pas été possible. Les zones frontières de régions sont le lieu de tensions : les Amharas qui quittent ou rejoignent Addis Abeba par la route peuvent être enlevés, rançonnés. Avec mes deux enfants du Bénin, je ne risquerais rien, mais mes deux grands sont « visiblement » Amharas et, même si leur passeport les aurait « protégés » in fine, il était hors de question de courir le risque d’un tel traumatisme.


À l’intérieur de la zone Amhara, pas de soucis pour utiliser les transports locaux si ce n’est les coupures de routes, dues aux tensions entre Fanos et l’armée fédérale).

Dans le bus First Level entre Dessie et Wereta


Au nord de Gondar, les prémices du Siemen



Nous avons été bloqués avant d’arriver à Gondar : tant mieux, car nous avons pu patienter dans un lieu que je voulais découvrir depuis le précédent voyage, la communauté utopique d’Awra Amba (voir ci-dessous).


Deux jours avant notre départ de la zone Amhara (en avion à la joie des enfants, pour qui les cars First Level sont quand même une épreuve), nous avons reçu une alerte de l’ambassade de France alors que nous étions à Bahir Dar. Coupure internet, zone en état d’urgence, aéroports fermés… Nous avons pu partir comme prévu, mais, le lendemain, l’aéroport se fermait et des tirs à l’arme lourde étaient entendus en ville. J’ai une pensée émue pour notre guide, Wubetu Fente, qui nous avait accompagnés lors des précédents voyages, dont j’avais perdu le contact et que nous avons pu retrouver à Bahir Dar. Cet homme si sensible au devenir de l’Éthiopie, qui hait tant la guerre, qui n’a de cesse de dénoncer son coût exorbitant, tant humain qu’au niveau du développement.

Une famille française, qui était basée à Bahir Dar, est partie quelques jours à Gondar et aux monts Siemen leurs affaires demeurant à l’hôtel. Ils se sont retrouvés bloqués là-bas. J’ai perdu leur contact, mais j’ai appris que des touristes avaient été évacués par le nord.


Lac Tana, Bahir Dar, avec un guide d'Awra Amba, recommandé par Derese


Utopie en Éthiopie

Imaginez, après une journée commencée à 4h30 avec un départ pour la gare routière. Heureusement, les frangins sont là, on a beau être en avance, le bus est quasi complet. On a des places séparées : mes deux plus jeunes devant, moi derrière. C’est parti pour une journée de bus. Arrivera-t-on à temps à Wereta pour trouver un minibus pour Gondar ? Il faut y être à 16h pour arriver avant la nuit. Ce serait faisable si les contrôles policiers n’étaient pas si nombreux : souvent, tout le monde descend, chacun sort les passeports et il faut remonter à bord ; parfois, seuls les hommes descendent, d’autres fois on tend les passeports à bout de bras et seuls certains sont contrôlés. Être ponctuels serait faisable si nous n’avions pas heurté un âne : les discussions sont longues, le chauffeur dédommage le propriétaire de l’animal et l’aide-chauffeur passe entre les rangs pour une contribution volontaire.

Bref, nous ne sommes pas arrivés à l’heure… J’ai donc mis le plan B en route : réussir à faire comprendre à mes voisins de bus où je voulais aller, vérifier l’itinéraire envisagé. C’est plus simple que je ne le pensais : se faire déposer au bord de la route entre Wereta et Debre Tabor, à 10 km de Wereta. Il y a une route gravillonnée, on trouve facilement un badgag (dit aussi touktouk) pour parcourir les 2 km (il fait chaud, on est fatigués, les sacs sont quand même un peu lourds et on n’est pas certains du tout de la distance à parcourir).

Enfin, nous arrivons dans un petit village. Une guide locale nous accueille, nous présente les chambres, nous laisse nous reposer et nous donne rendez-vous le lendemain pour la visite de la communauté.

Il y a actuellement une dizaine de petites chambres, avec lit double, douche et WC. Les chambres sont simples, propres, suffisantes. Il y a parfois de l’eau chaude, le wifi est bon. Un nouveau bâtiment, avec des chambres plus grandes, est en construction.


Les chambres d'Arwa Amba

Un peu d'escalade près de la rivière d'Arwa Amba


Derese, le chef du restaurant et de l’hôtel, est un très bon cuisinier. Il nous propose d’aller chercher du bois à la ville pour faire un feu de camp le lendemain.

La visite de la communauté est très enrichissante. Un petit guide papier est en vente : dans sa version française, les éléments principaux de la visite sont repris.


Construite autour de la philosophie développée par Zumra Nuru, elle prône la solidarité, l’égalité et l’honnêteté. Chacun fait selon ses possibilités, il n’y a pas de discrimination homme-femme. La parole des enfants est prise en compte.

Une caisse de solidarité, qui est alimentée chaque semaine par le montant d’une journée de salaire des membres, permet de réaliser divers projets. Les besoins sont exprimés de façon démocratique dans différents comités. Au-delà de l’aide aux personnes âgées (il y a une maison de retraite au sein du village) et de l’aide ponctuelle aux familles dans le besoin, la caisse sert à construire les maisons pour la communauté, une école et même un lycée, qui, après construction, a été confié à l’État. En effet, les enfants, qui avaient été scolarisés dans l’école maternelle de la communauté puis dans l’école primaire du village où ils restaient majoritaires, se retrouvaient en souffrance psychologique lorsqu’ils devaient partir pour la semaine dans un milieu auquel ils n’étaient pas habitués (depuis tout petits, ils apprennent qu’ils ne doivent pas prendre les affaires des autres, qu’on parle pour régler ses problèmes, etc.). J’ai pu assister à l’inauguration d’une petite piscine qui permettra aux enfants d’apprendre à nager de façon plus sûre que dans la rivière à la saison des pluies.

Une petite partie des revenus des villageois provient de l’agriculture. La communauté a développé un atelier de tissage, un atelier de transformation de céréales et d’épices, un atelier d’huile de nigelle. Le tourisme vient également contribuer au développement du projet, même si ces dernières années ont été difficiles à cause de la covid puis du conflit avec le Tigré. Espérons que le tourisme puisse reprendre en région Amhara…

Vous pourrez trouver quelques-uns des produits tissés à Awra Amba lors des ventes d’artisanat de Passerelle.


De retour

Ce séjour a été intense, l’Éthiopie nous manque déjà. De nouvelles rencontres, du temps passé avec ceux qui nous sont chers, finalement, un mois c’est vraiment très court ! J’ai énormément apprécié de passer du temps avec la famille, avec Elias et Abraham. Cette fois, nous avons pu partager réellement des moments du quotidien. L’actualité ne laisse rien présager de bon, la situation est toujours très difficile en Éthiopie, les tensions interethniques sont constantes. Nous pensons souvent à eux…


Il faudra songer à partir plus longtemps la prochaine fois, car il y a tant de lieux que nous aurions aimé (re)découvrir… Nous n’avons pas pu nous rendre à Burayu, mais nous avons rencontré Tamiru, le responsable de l’orphelinat à Addis-Abeba. Nous aurions aimé retrouver le lac Awassa et les sources de Wondo Genet ; Awash, le « buffet de la gare » et les sources du parc national. Nous ne connaissons toujours pas le Tigré, ni l’ouest. J’aimerais aller à Babilé, près d’Harar car si nous avons pu visiter la quatrième ville sainte de l’islam et le lieu de vie d’Arthur Rimbaud, j’aimerais découvrir les éléphants et le village d’Henry de Monfreid. Ce n’est cependant pas qu’une question de temps, certains sites ne sont pas accessibles par la route et multiplier les vols ne me convient pas. D’autres lieux sont trop dangereux. Allez, avec optimiste, je me dis que la prochaine fois, la situation se sera apaisée et que l’Éthiopie saura se sortir de ces conflits.


La revue de presse





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